Suite à un débat houleux avec des jeunes, la secrétaire d’Etat en charge de la jeunesse et de l’engagement demande une inspection des associations organisatrices et un réexamens de leurs agréments

Nom de l'association : La Boîte sans projet
Thème de l’association : ,
Type d’entrave : ,
Date de l'Entrave : 2020-2021

Présentation de l’Entrave

La Boite sans projet (BSP) est une association d’éducation populaire basée à Amiens depuis 2012 dont l’objet est « d’accompagner par la formation et le travail social des groupes sociaux opprimés et leurs allié.e.s. » La Fédération des centres sociaux et socioculturels de France (FCSF) rassemble plus de 1200 centres sociaux en France. Elle vise notamment à « renforcer le pouvoir d’agir des habitants, pour construire une société plus juste et démocratique ». Les deux structures ont organisés en octobre 2020 un temps d’échange entre des jeunes de quartiers populaires et des personnalités publiques dont la Secrétaire d’État chargée de la Jeunesse et de l’Engagement. Suite à cet échange houleux, la secrétaire d’État saisie l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche pour la mise en place d’un rapport d’inspection ; et a réexaminé certains des agréments de ces structures.

Description complète du cas

I – Contexte et description des faits

Le 22 octobre 2020, peu après l’assassinat de Samuel Paty, la Secrétaire d’État Sarah El Haïry participe à une rencontre organisée à Poitiers par la Fédération des centres sociaux et socioculturels de France (FCSF) sur le thème de la religion. Des jeunes issus des quartiers populaires expriment des propositions telles que l’intégration de cours de religion ou l’autorisation des signes religieux au lycée. Ces propositions provoquent un désaccord avec la représentante du gouvernement, qui réaffirme la laïcité à l’école et entonne La Marseillaise, peu reprise par les jeunes présents.

À la suite de cette rencontre, la ministre mandate une inspection générale. Le 21 mars 2021, elle annonce dans Le Journal du Dimanche des sanctions :

  • Réexamen de l’agrément de l’association La Boîte sans projet,
  • Lettre de rappel à la FCSF concernant la laïcité,
  • Demande de mise en œuvre de formations à la laïcité,
  • Proposition d’une réforme des agréments jeunesse (limités à 8 ans et réévaluables),
  • Ajout de modules sur la laïcité dans les formations BAFA.

II – Justification de l’institution

Manquements au principe de laïcité

Le rapport d’inspection critique l’absence de mention de l’athéisme dans les documents pédagogiques. Pour Sarah El Haïry, la Fédération n’a pas respecté ses engagements, en sous-traitant à La Boîte sans projet, jugée non neutre et sans expertise sur le fait religieux.

Anti-républicanisme

La Secrétaire d’État déclare : « Pas un euro d’argent public ne doit aller aux ennemis de la République. »

Lien entre religion et discrimination

Le rapport reproche à La Boîte sans projet d’avoir « orienté » le débat vers les discriminations, au détriment du sujet initial sur les religions.

IV – Justifications de l’association

Sur la conception du républicanisme

La Fédération défend son approche d’éducation populaire :

« Il s’agit ici d’un processus classique d’éducation populaire : porter une parole collective et politique à partir d’expériences personnelles vécues pour réfléchir et débattre. […] La République que nous défendons, c’est la sociale, la laïque, c’est celle qui inscrit le débat contradictoire dans l’exercice de la démocratie. »

Sur le lien entre religion et discrimination

La Boîte sans projet réfute les accusations :

« Nous n’avons fait qu’entendre et mettre en discussion les propos des jeunes présents. […] C’est une fin de non-recevoir à coups de principes républicains désincarnés qu’ils ont obtenue. La République ne peut pas être un bloc monolithique. […] Les citoyens et citoyennes sont en mesure de discuter de laïcité sans recevoir le blanc-seing de l’administration. »

Sur le déroulement de la rencontre

La FCSF remet en cause le contenu et l’orientation du rapport d’inspection :

  • Le rapport reflète uniquement le point de vue de la Secrétaire d’État,
  • Il contient des confusions sur le thème et les méthodes pédagogiques,
  • Il remet en question l’éducation populaire et les libertés associatives.

Institutions Responsables

Secrétaire d’État en charge de la jeunesse et de l’engagement

Conséquences pour l’Association

Saisie de l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche pour la mise en place d’un rapport d’inspection ; réexamen des agréments

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