I – Description des faits et points de vue des institutions
Le 24 janvier 2020, lors de l’émission « L’heure des pros » sur CNEWS, Frédérique Calandra, maire du XXe arrondissement de Paris, déclare :
« Si je puis me permettre, Jean Baubérot, le conseiller éducation de François Mitterrand (…) a fait rentrer Tariq Ramadan, qui était le chef des Frères musulmans en France, dans la Ligue de l’enseignement, qui était le temple des instituteurs républicains. »
« Chez moi [dans le XXe arrondissement de Paris], il a fallu que je tape du poing sur la table. Un centre social géré par la ligue de l’enseignement voulait faire une exposition de photos sur la façon de joliment porter le voile. Dans un centre d’animation subventionné par la ville de Paris et géré par la Ligue de l’enseignement. »
Le 2 février 2021, le préfet Gilles Clavreul déclare dans le journal Marianne :
« Concrètement, je pense qu’il faut sereinement rediscuter les termes des conventions d’agrément avec les grands opérateurs de l’éducation populaire comme la Ligue de l’enseignement […] Dans les années 1990, Tariq Ramadan a participé à un groupe de réflexion de la Ligue de l’enseignement. L’État a laissé faire cela et a continué à laisser la bride très large à la Ligue de l’enseignement. »
II – Le point de vue de l’association
Retour sur la commission « Laïcité et islam »
En 2017, dans une discussion entre la Ligue de l’enseignement et l’Union des familles laïques (UFAL), Jean-Paul Delahaye, vice-président de la Ligue, revient sur la participation de Tariq Ramadan :
« La commission a fonctionné au sein de la Ligue de 1997 à 2000. Sa seule ambition était de réfléchir sur une question qui commençait à être à l’ordre du jour : l’intégration de l’islam dans le cadre légal de la laïcité républicaine. »
« Tariq Ramadan était l’un des participants parmi une quinzaine de musulmans. Sa notoriété tenait alors à une décision du Tribunal administratif en sa faveur. Nous n’avons jamais adhéré à sa vision, ni contribué à son influence. »
« Si nous devons avoir un regret, c’est de ne pas avoir su, après 2000, prolonger et étendre ces débats dans tous les départements. »
Réponse à Gilles Clavreul
Le 4 février 2021, Charles Conte, chargé de mission à la Ligue, répond dans un article :
« La Ligue de l’enseignement aurait servi de tremplin médiatique à Tariq Ramadan. Rétablissons les faits. Tariq Ramadan fait son entrée médiatique dès 1994 dans « La marche du siècle », sur la suggestion de Gilles Kepel. Il était déjà invité dans de nombreuses émissions. »
« La commission “Laïcité et islam” a été créée en 1997 pour dialoguer avec toutes les composantes de la société, y compris les musulmans. Tariq Ramadan était un participant parmi d’autres. Écrire que la Ligue l’a lancé est un mensonge. »
« À ce mépris de la vérité historique s’ajoute une conception inquiétante de la liberté associative. Vingt ans après, on se sert de cette accusation pour demander la fin des subventions. »
La Ligue conclut en défendant ses engagements pour la laïcité et le dialogue, et dénonce une attaque contre l’éducation populaire fondée sur des faits déformés ou sortis de leur contexte.
