I – Contexte et description des faits
Le 14 octobre 2020, le magazine Causeur publie un article alertant sur de potentielles collusions entre l’association Coexister et les Frères musulmans. Deux jours plus tard, Samuel Paty est assassiné. Dans les semaines suivantes, les accusations s’intensifient, notamment dans Valeurs Actuelles (30 octobre), qui accuse Coexister de soutenir des « organisations islamistes » comme Barakacity.
Le 25 novembre 2020, Le Point établit un lien entre ces accusations et un échange à Poitiers le 22 octobre entre Sarah El Hairy (secrétaire d’État à la Jeunesse) et des jeunes réunis par la Fédération des centres sociaux. La présidente de Coexister, Radia Bakkouch, était présente.
À la suite de ces événements :
- Le Ministère émet un avis défavorable à la demande d’agrément « Éducation nationale » de l’association.
- Le 1er décembre, Causeur évoque aussi la possible perte de l’agrément « Jeunesse et éducation populaire ».
Coexister est accusée de promouvoir les relations interconfessionnelles au détriment de la laïcité républicaine.
III – Les accusations de proximité avec l’islamisme
La tribune « Nous sommes unis »
La tribune publiée après les attentats du 13 novembre 2015, signée par plusieurs personnalités (dont des représentants du CCIF et des EMF), est utilisée pour accuser Coexister de proximité idéologique avec ces organisations.
Soutien de Samuel Grzybowski à Barakacity
En 2014, le président fondateur de Coexister annonce sur Twitter quitter la banque CIC par solidarité avec Barakacity. Cette prise de position lui sera ensuite reprochée.
Minorer l’islamisme
Des propos de Samuel Grzybowski sont également utilisés pour accuser l’association de sous-estimer la menace islamiste :
« L’islamisme en tant que mouvement politique n’est pas significatif […] mais qui a une capacité de nuisance considérable. »
IV – Les réponses de l’association
Sur les accusations de « proximité » avec les Frères musulmans
Dans un droit de réponse à Valeurs Actuelles, Coexister rappelle :
« Coexister est un mouvement laïque, aconfessionnel et apartisan, reconnu d’intérêt général. […] Il y a une incompatibilité viscérale entre notre engagement et la pensée frériste que nous rejetons en bloc. »
Samuel Grzybowski précise :
« Je condamne de toute ma force la pensée frériste. […] Je n’ai jamais entretenu de relation avec les Frères musulmans. »
Concernant les participations aux événements des EMF ou UOIF
Coexister affirme avoir participé à ces événements pour faire connaître ses actions, dans une logique d’échange et d’indépendance, comme elle le fait aussi avec des organisations juives, chrétiennes ou laïques.
Concernant la tribune « Nous sommes unis »
Coexister précise que cette tribune, initiée après les attentats de novembre 2015, a été soutenue par :
- 15 000 citoyens,
- 90 personnalités, dont le Grand Rabbin de France, le Directeur exécutif du CRIF, le Grand Maître du Grand Orient de France, etc.
Elle a été saluée publiquement et a même fait l’objet d’un hashtag projeté sur la Tour Eiffel.
Concernant Barakacity
L’association indique que le tweet de 2014 de Samuel Grzybowski a été recontextualisé :
« À l’époque, Barakacity n’avait pas le passif qu’il a désormais. Aujourd’hui, mon tweet aurait été différent. »
FAQ publique de Coexister :
« Coexister soutient-elle l’association Barakacity ? Non. […] Nous n’avons pas de raison de soutenir une structure fondée en partie sur des principes de l’islam fondamentaliste. »
Sur la vision de la laïcité
Coexister se définit comme défendant la coopération interconvictionnelle (et non interconfessionnelle) dans un cadre strictement laïque. Elle rejette toute domination religieuse ou pression idéologique sur l’État, et prône le dialogue avec tous ceux qui ne sont pas condamnés par la justice.
Elle précise :
« Chaque membre qui rejoint et adhère à l’association s’engage à appliquer la laïcité. »
Une vidéo résumant leur vision de la laïcité a été publiée en ligne.