La mairie du 20e arrondissement de Paris censure un débat sur le féminisme et attaque en diffamation ses organisatrices

Nom de l'association : Les mots sont importants
Thème de l’association :
Type d’entrave : ,
Date de l'Entrave : 2015-2018

Présentation de l’Entrave

Au début du mois de février 2015, Frédérique Calandra, maire du XXe arrondissement de Paris, censure un débat sur les violences faites aux femmes en raison de la présence de l’essayiste Rokhaya Diallo. C’est le début d’une affaire qui conduira l’édile, quelques mois plus tard, à porter plainte contre la même Rokhaya Diallo, ainsi qu’une des organisatrices du débat et une représentante du collectif féministe « 8 mars pour toutes ».

Description complète du cas

Début février 2015

A l’occasion de la sortie du film « Je ne suis pas féministe, mais… » réalisé par Florence et Sylvie Tissot autour de la théoricienne Christine Delphy, un cycle de débat est organisé, début mars, autour du droit des femmes. A la manette, plusieurs associations féministes en partenariat avec la mairie du XXe arrondissement, notamment Emmanuelle Rivier, adjointe écologiste à l’égalité femme-homme.

Mais dès réception du programme, la maire du XXe arrondissement, Frédérique Calandra, envoie un courriel aux associations qui indique son refus de voir l’essayiste Rokhaya Diallo intervenir lors de cette semaine de débat. L’élue refuse de discuter de cette interdiction avec les organisatrices et fait des déclarations virulentes dans la presse.


23 février 2015

Au journaliste de Médiapart qui vient l’interroger, elle se déclare « ulcérée de recevoir des leçons de féminisme » et prévient : « Si un jour Mme Diallo veut débattre, pas de problème, je la défoncerai ! »

Le même jour, le site internet Les mots sont importants publie un article qui revient sur cette affaire intitulé « Frédérique et Rokhaya sont en bateau, Rokhaya tombe à l’eau » et sous-titré : « Quand Frédérique Calandra, Maire du Vingtième Arrondissement de Paris, censure, pour de très singulières raisons, un débat avec Rokhaya Diallo »


3 mars 2015

La rencontre annulée par la mairie trouve finalement place dans une autre salle.


5 mars 2015

Lors du conseil d’arrondissement du XXe, des organisatrices du débat et leurs soutiens brandissent des affiches pour dénoncer une censure. La séance est interrompue pendant une heure et demie.


Automne 2015

Sylvie Tissot, responsable légale du site et du collectif « Les mots sont importants » est assignée au tribunal suite à une plainte en diffamation déposée par Frédérique Calandra à propos de l’article « Frédérique et Rokhaya sont en bateau, Rokhaya tombe à l’eau ». Quelques mois plus tard, c’est Rokhaya Diallo qui est également l’objet d’une plainte de l’élue pour avoir relayé ce même texte sur sa page Facebook. Enfin, ce sont des militantes du « Collectif 8 mars » pour toutes qui font également l’objet d’une plainte pour avoir rédigé un texte incriminant lui aussi Frédérique Calandra.


19 juin 2018

Audience au tribunal de grande instance de Paris.


Articles de presse :

« La mairie du XXe décrète Rokhaya Diallo persona non grata », Médiapart, 23/02/2015

Type d’action collective santionnée

Discours sur le féminisme.

Institutions Responsables

Frédérique Calandra, maire du XXe arrondissement de Paris

Conséquences pour l’Association

Dans un texte du 5 octobre 2015, intitulé « De quoi Calandra est-il le nom ? », Pierre Tévanian, membre du Collectif Les mots sont importants explique à propos du harcèlement judiciaire mis en place : {« Calandra est le nom d’une certaine conception du droit, de l’institution judiciaire et de sa fonction. Calandra est le nom de la plainte en justice comme substitut de réponse politique, de l’intimidation en lieu et place de l’argumentation. C’est une procédure épuisante et coûteuse imposée à celles et ceux qui n’en ont pas nécessairement les moyens, pas en tout cas à égalité avec une édile grassement rémunérée, gracieusement défrayée, généreusement entourée, assistée, conseillée. »}

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