158. La mairie de Saint-Cloud et la Région Ile-de-France retirent leurs subventions au festival Rock en Seine suite à la programmation de Kneecap

Nom de l'association : Plus de sons (association organisatrice du festival Rock en Seine)
Thème de l’association :
Type d’entrave : ,
Date de l'Entrave : 2025

Présentation de l’Entrave

La mairie de Saint-Cloud et la Région d’Ile-de-France retirent leurs subventions pour l’édition 2025 du festival Rock en Seine. Les collectivités dénoncent la programmation du groupe d’Irlande du Nord, Kneecap. En cause, le soutien de Kneecap à la Palestine, assimilée par certains à de l’“apologie du terrorisme”. Malgré les pressions politiques et médiatiques, les organisateurs de Rock en Seine affirment leur liberté de programmation et maintiennent le concert. Ils rappellent l’importance des droits culturels, notamment les libertés de création et d’expression.

Description complète du cas

Depuis sa création en 2017, le groupe nord-Irlandais Kneecap partage ses engagements indépendantistes pour l’autodétermination des peuples. En lien avec l’histoire coloniale irlandaise, ils affichent leur solidarité avec la Palestine.

À partir de 2024, le groupe diffuse lors de ses concert, des messages de soutien au peuple palestinien. Les rappeurs dénoncent le génocide en cours et la complicité des Etats occidentaux. 

En avril 2025, le groupe se produit au festival de musique californien Coachella. Il y dénonce le génocide en cours à Gaza, le soutien du gouvernement américain et demande la libération de la Palestine. 

La performance est disqualifiée. Des détracteurs du groupe exhument deux vidéos d’un concert de 2024. Dans la première, les membres du groupe scandent “un bon tory est un tory mort”. Dans la seconde l’un des membres de Kneecap se serait enveloppé dans un drapeau du Hezbollah. Suite à la polémique un des membres du groupe est alors poursuivi pour “infraction terroriste”.

Le groupe s’explique publiquement, et assure qu’“ils ne soutiennent pas, et n’ont jamais soutenu, le Hamas et le Hezbollah”. 

Entre novembre 2024 et mars 2025, le groupe est programmé par trois festivals français pour l’été 2025 : les Eurockéennes en juillet, le Cabaret Vert début août et Rock en Seine fin août. 

Le 27 mars 2025, une subvention de 40 000 euros est accordée par la ville de Saint-Cloud à l’association organisatrice de l’édition 2025 du festival Rock-en-Seine. 

Le 5 mai, la présidente de la Région Ile-de-France demande la déprogrammation du groupe : “Le groupe Kneecap doit être déprogrammé des festivals de musique actuelle français car les prises de position du groupe font l’objet de poursuites devant la justice britannique pour apologie du terrorisme.

Le 7 mai, le président du Crif demande sur X la déprogrammation du groupe : “Le Crif demande la déprogrammation immédiate de Kneecap à Rock en Seine ainsi que de l’ensemble des festivals où le groupe doit se produire cet été en France”. 

Le 16 juillet, dans un communiqué, la ville de Saint-Cloud annonce le retrait de subvention au festival. La Ville énonce qu’elle “ne finance pas d’action, ni de revendications politiques et encore moins des incitations à la violence, comme peuvent l’être des appels à tuer des parlementaires quelle que soit leur nationalité”. 

La ville précise qu’elle “respecte la liberté de programmation du Festival, et c’est pour cette raison qu’elle n’a pas souhaité engager une quelconque négociation dans le but d’influencer la programmation”. Et ajoute que “la Ville, quant à elle, reste libre de ses choix dans l’attribution de ses subventions. C’est la raison pour laquelle le Conseil municipal, lors de sa séance du 3 juillet 2025 a retiré la subvention de 40 000 euros”.  

Le 17 juillet, plusieurs groupes britanniques et irlandais, comme Massive Attack, Fontaines DC et Kneecap, annoncent la création d’un syndicat pour lutter contre la censure des artistes soutenant la Palestine, pour servir de rempart face à une “industrie et des organismes juridiques externes hautement organisés, qui terrorisent les artistes et leurs équipes de direction”. 

Le 4 août, la députée Caroline Yadan demande, sur X, au préfet de police de Paris et au ministre de l’intérieur d’interdire la venue du groupe : “la programmation du groupe nord-irlandais Kneecap au festival Rock en Seine le 24 août prochain est une insulte aux valeurs républicaines que nous portons […] c’est la raison pour laquelle je demande officiellement à Messieurs Laurent Nunez, Préfet de Police de Paris et à Bruno Retailleau, Ministre de l’Intérieur, de bien vouloir interdire la représentation de ce groupe et au directeur du festival de le déprogrammer”. Pour la députée, “la participation du groupe Kneecap au festival Rock en Seine pourrait entraîner des troubles à l’ordre public, favoriser la propagation de propos haineux en faisant l’apologie du terrorisme voire encourager la commission d’actes à caractère antisémite”. Et conclut, “en conséquence […]  je vous demande M. le Préfet de police, de bien vouloir prendre les dispositions nécessaires afin d’interdire la représentation de ce groupe lors du festival de Rock en Seine. Il s’agit, ce faisant, d’affirmer la position claire et constante de la République face aux discours de haine, aux appels à la violence, et à toute forme de complaisance envers des organisations terroristes”. 

Le 14 août, le ministre de l’Intérieur répond à la députée. Il commence par évoquer les “inquiétudes relatives au respect du contrat d’engagement républicain au regard des prises de position dudit groupe”. Et annonce, condamner fermement “les propos qui ont pu être tenus par ce groupe et je tiens à vous assurer de mon intransigeance envers tout propos à caractère antisémite, d’apologie du terrorisme ou appelant à la haine, qui feront directement l’objet de poursuites judiciaires”. Il précise que le “groupe Kneecap avait fait l’objet d’une procédure d’interdiction lors de leur venue aux Eurockéennes de Belfort le 6 juillet dernier. Dans le cadre du contradictoire de cette procédure, le groupe s’était engagé à respecter un code de bonne conduite, ce qui a mis fin à la procédure d’interdiction. Lors de ce concert, il a été constaté qu’ils avaient respecté leur engagement, ce qui ne permet plus de caractériser le risque de trouble manifeste à l’ordre public en vue d’une interdiction”. Il prévient que “tout débordement sera immédiatement judiciairisé”. 

Le 21 août, le maire du XVI arrondissement de Paris et conseiller régional Ile-de-France aux Grands Événements, Jérémy Redler annonce la décision de la région de retirer la totalité de la subvention versée chaque année à Rock en Seine. 

Le même jour, le Crif renouvelle sa demande de déprogrammation du groupe sur X. Selon lui, “en maintenant les Kneecap, les organisateurs transforment Rock en Seine en festival de la honte. Ils profanent la mémoire des 50 français victimes du Hamas le 7 octobre comme de toutes les victimes françaises du Hezbollah, dont les 58 soldats français morts le 23 octobre 1983 lors de l’attentat du Drakkar. Les artistes peuvent être engagés mais les apologistes du terrorisme n’ont pas leur place dans des festivals en France”.

Le 22 août, Jérémy Redler précise au Parisien avoir laissé aux organisateurs la possibilité de déprogrammer le groupe avant d’acter officiellement le retrait des subventions au festival. 

Le 24 août, Kneecap se produit au festival Rock en Seine à Saint-Cloud. Lors de sa performance le groupe reformule ses engagement pour la libération de la Palestine et dénonce le génocide en cours ; “si vous n’appelez pas cela un génocide, comment appelez-vous cela ?”. 

Le 26 septembre, la justice britannique met fin aux poursuites pour vice de procédure contre le membre du groupe poursuivi pour “infraction terroriste” en Angleterre. Le 7 octobre, parquet annonce faire appel de l’abandon des poursuites.


Type d’action collective santionnée

Programmation d’artistes engagé pour la Palestine dans leurs performance

 

Type d’assaillant

Collectivité territoriales

Institutions Responsables

Mairie de Saint-Cloud et Région Ile-de-France

Conséquences pour l’Association

Baisse de budget, non significatif ( 3% de subventions publiques). Dégradation des relations avec les collectivités territoriales.

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