I – Contexte et caractérisation des faits
Le jeudi 24 novembre 2016, lors d’une séance du Conseil régional des Hauts-de-France, le groupe FN met en cause une subvention de 11 603,70 € octroyée par la Région à la radio associative et laïque Pastel FM, créée à Roubaix en 1980.
Pour le groupe FN, la radio affiche « clairement son communautarisme islamiste » et « partage publiquement des profils d’individus faisant l’éloge de l’immigration et du voile ». À l’issue de la séance, Philippe Eymery, président du groupe, déclare : « L’argent public n’a pas à participer au développement du communautarisme (…) Les contribuables n’ont pas à financer des radios qui ne sont pas neutres politiquement ».
Un an plus tard, le 14 décembre 2017, lors d’une nouvelle séance, Sébastien Chenu, tête de file du groupe FN, réitère ses accusations contre Pastel FM : « Son activité s’apparente davantage à du cultuel qu’à du culturel. »
À la surprise générale, le président de Région, Xavier Bertrand (Les Républicains), lui répond en annonçant la fin des subventions accordées à la radio, en invoquant une rupture de la convention sur la neutralité : « À partir du moment où les conventions n’ont pas été respectées sur la neutralité, c’est terminé, c’est aussi simple que ça. »
II – Les justifications de l’institution
La Région reproche à Pastel FM d’avoir enfreint la convention qui interdit « toute forme de prosélytisme philosophique, politique ou religieux ».
En particulier, une série d’émissions intitulée La Prophétie Ramadan 2017, diffusées en direct depuis des mosquées et animées par des imams, est jugée comme relevant d’un prosélytisme religieux.
Xavier Bertrand évoque également la participation de la radio à une conférence de Tariq Ramadan quelques mois plus tôt, mettant en cause la compatibilité du personnage avec les valeurs de la République, indépendamment de la teneur exacte de ses propos.
III – Justification de l’association
En mai 2018, sur sa page Facebook, Pastel FM publie un communiqué défendant sa ligne éditoriale :
« Nous ne transigerons pas avec la liberté d’expression et l’autonomie de notre ligne éditoriale, aucune attaque ou tentative d’intimidation, d’où qu’elle vienne, ne nous fera renoncer à un projet radiophonique inter et multiculturel lancé depuis 1980. »
À ce jour, l’association n’a pas récupéré ses financements.
