1 mai 2019
Camélia El K, 34 ans participe à une manifestation des « gilets jaunes ». Elle participe à ces mouvements depuis l’Acte II et prend conscience des risques que cela implique. Elle déclare : « aujourd’hui, aller manifester c’est prendre un risque pour sa santé, pour sa vie, pour sa main, pour ses yeux. Voilà le nombre de personnes qui ont été éborgnées, qui ont perdu des morceaux de leur personne dans ce combat. » C’est la raison pour laquelle elle choisi de protéger son corps avec un bouclier anti-émeute trouvé sur internet. Consciente du fait que ce type d’accessoire constitue, pour les autorités publiques, « une arme par destination » elle choisit de « mettre le paquet » sur le message qu’elle y inscrit :
{« Je suis une utopiste pacifique. Cela ne sert qu’à me protéger. Je ne vous attaquerai pas. »}
10h40
Camélia, accompagnée par d’autres manifestants, passe un contrôle de police. L’un des agents remarque le bouclier de la jeune femme. Elle et son ami se font interpeler et sont placés en garde à vue.
2 mai 2018 à 21h
La garde à vue se termine et toutes les charges retenues contre Camélia sont abandonnées. Cependant la jeune femme, de nationalité espano-marocaine ne pourra pas rentrer chez elle. On lui annonce qu’elle est envoyée dans un centre de rétention administrative (CRA) avant d’être expulsée en Espagne car elle fait l’objet d’une « obligation de quitter le territoire français (OQTF) sans délai assortie d’une interdiction de circulation sur le territoire français de 24 mois »
23h40
Camélia El K est menottée et emmenée au CRA du Mesnil-Amelot réservé aux sans-papiers en attente d’expulsion. Dans l’incompréhension.
{« Quand ils m’annoncent que je ne suis pas poursuivie, mais que j’ai une obligation de quitter le territoire français et que je vais être envoyée en CRA, c’est l’ascenseur émotionnel [et] Là-bas, ils ne comprenaient pas. Rien qu’en m’entendant parler français, ils m’ont demandé ce que je faisais là. » déclare-t-elle.}
La préfecture de police considère que Camélia représente « une charge déraisonnable pour l’État Français » et « un trouble à l’ordre public ». Alors que la jeune femme habite en France depuis 2002, occupe un CDI et a la nationalité européenne. Son avocate dépose un recours.
6 mai 2019
Norma Jullien Cravotta, avocate de Camélia El K, confirme que le tribunal administratif de Versailles a annulé les décisions du préfet de Paris dimanche après-midi et que Camélia est sortie du CRA. Cependant les menaces d’expulsion ainsi que l’interdiction d’entrer sur le territoire français pèsent toujours sur elle.
Articles de presse
– « Camélia El K., acte de résistance », Libération, 16/05/2019
– « Vu d’Espagne. Camelia, “gilet jaune » espagnole qui risque l’expulsion pour avoir manifesté en France », Courrier International, 06/05/2019
– « « Gilets jaunes » : Camelia, manifestante espagnole enceinte, interpellée le 1er mai et menacée d’expulsion », France Info, 05/05/2019
Document
« Gilets Jaunes : interview de Camélia », Le Média Officiel, 08/05/2019