La Brigade du Respect est un collectif féministe crée à l’occasion du 8 mars 2019 pour lutter, entre autres, contre le harcèlement de rue. Le collectif militant utilise comme moyen d’action le street art et, plus précisément, peint à l’aide de pochoirs des messages d’empouvoirements féministes sur les trottoirs de la métropole européenne de Lille. Le collectif travaille parfois en étroite collaboration avec des collectivités territoriales comme la ville de Lille ou de Loumel et a mené en 2023 une campagne en partenariat avec le service de transports de la métropole.
Le 13 juin 2024, les élections législatives anticipées poussent le collectif à mener une grande opération de “pochage” dans toute la métropole. L’objectif de cette action politique est d’inciter les habitants à se rendre aux urnes. La Brigade se revendique apartisane mais les circonstances poussent le collectif à revendiquer son opposition à l’extrême droite et s’exprimer sur le geste de la dissolution. Des messages tel que “tous contre le RN” ou encore “Président du chaos joue pas avec nos vies” sont peints sur les trottoirs de la métropole lilloise.
Lors de cette opération, deux membres de la Brigade et une personne alliée se rendent à Tourcoing. Après vingt minutes d’action et sept inscriptions sur le sol, trois policiers les interpellent devant l’hôtel de ville. Les personnes sont emmenées au poste de police où elles passent en audition libre et signent le procès-verbal, reconnaissant ainsi d’avoir apposé leur pochoir sur le sol.
Début juillet, les activistes reçoivent un courrier dans lequel la mairie leur enjoint de payer une amende de 770€ pour préjudice communal avec règlement à l’amiable sous 15 jours.
Le 29 juillet, la Brigade adresse une lettre à la maire de Tourcoing pour expliquer leurs activités de lutte contre les violences sexistes et sexuelles et demander une remise gracieuse.
Le 2 octobre 2024, après plusieurs mois de silence, les militant·es ont reçu un appel leur demandant de se rendre au commissariat afin de recevoir leurs convocations au tribunal et que la police prenne leurs relevés signalétiques. La sanction s’accompagne de travaux d’intérêt généraux selon le collectif.
Le 7 octobre, la brigade reçoit un courrier de la maire qui refuse officiellement la remise gracieuse et commente que les “agissements répréhensibles [du collectif, ndlr] contreviennent au règlement de la Propreté de la Ville et vont à l’encontre de la volonté municipale de faire respecter la propreté dans les espaces publics.« . L’édile justifie également du fait que “La ville adopte la même ligne de conduite envers toute personne qui dégrade volontairement des biens communaux ”.
Si les membres du collectif se disent choqué·es et expliquent qu’ “En 5 ans d’action militante, nous n’avons jamais été interpellé.es de cette manière-là”. De son côté, l’adjoint au maire à la propreté assume le geste de la ville et le montant de l’amende “conforme à un règlement voté en 2021”, il argue que “À partir du moment où on utilise nos machines pour effacer, on facture”.
Le 2 décembre 2024, s’est tenue l’audience auprès du représentant du procureur de la République. La personne alliée décide de régler le préjudice de 110€ pour clore le dossier. Les deux membres du collectif souhaitent poursuivre l’affaire au tribunal de police et ont donc refusé la sanction. Sauf relaxe, le collectif et la mairie devraient donc régler le litige devant le juge, un souhait important pour la brigade qui dénonce “une tentative d’intimidation et de silenciation qui va à l’encontre de la liberté d’expression, déclare la fondatrice du collectif. On n’incite pas à la violence, on ne poche pas sur les murs, les passages piétons, la signalisation, bref on ne dégrade rien. Les pochoirs peuvent disparaître tout seuls au bout de 6 mois et ce ne sont pas des « tags ». On ne mérite pas d’avoir un casier judiciaire, des travaux d’intérêt général et une amende dont la somme est aléatoire, pour des pochoirs qui visent à l’empouvoirement des citoyens. »
Pour faire face au risque financier, l’association menacée a dû ouvrir une cagnotte participative. Cette dernière a permis de payer les frais d’avocats.
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